Les Feluettes, entre amour et souffrance - Art

par DARIO BIVONA, 25 mai 2016

 

« Feluette » : québécisme qui tire son origine du mot « fluet » (mince, d'apparence frêle) qui, dans le langage populaire de l'époque (1912), désignait les hommes faibles, de santé fragile ou efféminés... Voilà l'origine de ce titre très évocateur Les Feluettes, une mise en scène signée Serge Denoncourt. 

C'est une magnifique histoire d'amour qui sombre dans l'obsession, dans la douleur et dans la vengeance. Le présent et le passé s'entremêlent sur scène : le présent raconte le passé à travers le souvenir des vicissitudes heureuses et malheureuses vécues par Vallier et Simon, deux jeunes garçons, deux jeunes amoureux. Ils vivent leur amour secrètement à une époque dans laquelle l'amour avait ses étiquettes et ses règles de conduite. Tout l'opéra s’articule autour de ces deux personnages et des sentiments qui les habitent. On passe du secret, à l'amour renié, au dévoilement, aux retrouvailles et à la tragédie. Le jeune Bilodeau, désormais évêque, ancien compagnon d'école au Collège de Roberval, est, lui aussi, sous le charme de Simon et s'interpose entre les deux amoureux tout au long de leur histoire durant la jeunesse, en devenant par la suite l'obsession du vieux Simon incarcéré. En fait, Simon et Vallier font un pacte de mort et mettent le feu à l'endroit où ils ont passé leur dernière nuit d'amour. Bilodeau, rejeté, troublé et vaincu, retire Simon du brasier et condamne Vallier à la mort. De savoir Simon en prison, en proie à l'obsession qu'il ressentira pour lui, sera, pour Bilodeau, l'unique consolation.

La musique, le décor, les costumes, tout a été soigneusement pensé pour que l'univers obscur de Simon puisse se métamorphoser et laisser place à la beauté du souvenir de son amour perdu.

À part la durée... 2 h 45 minutes incluant un entracte... la pièce était exquise et je vous recommande vraiment de profiter de deux dernières représentations le 26 et le 28 mai prochains.