Le Royaume des animaux - Arts de la scène

par VALÉRIE GARRIGUE, 09 septembre 2016

Six ans ! Six ans que, 7 jours sur 7, une troupe de comédiens complètement vidés de leurs rêves donnent la même représentation : « Le royaume des animaux ». Voici en quelques mots la trame de fond de cette pièce signée Roland Schimmelpfennig, dramaturge allemand de renommée mondiale, et traduite par Angela Konrad et Dominique Quesnel pour la première fois en français, qui sera en représentation au Théâtre de Quat’Sous jusqu’au 1er octobre.

Cette même et unique représentation implique toujours le même texte, les mêmes gestes, le même jeu, etc., etc. Ce bis repetita finit par avoir raison des comédiens et par les marquer inévitablement, mais un vent de fraîcheur arrive. Un metteur en scène, joué à la perfection par Éric Bernier, se doit de monter une nouvelle pièce à partir de la troupe actuelle. Ce qui semble une bonne nouvelle ne l’est peut-être pas pour tous au final. Ont-ils le goût, l’énergie de partir pour une nouvelle aventure ?

Quel comédien le metteur en scène souhaite-t-il garder ? Celui qui interprète le lion ? Le zèbre ? L'oiseau ? Comme dans le règne animal des choix naturels vont s’imposer à lui. On se départit des plus âgés qui n’ont plus la force de suivre le rythme sans aucun remords. On attribue aux plus performants les morceaux de choix, aux autres membres de la troupe se les rôles secondaires.

Mais que cachent-ils vraiment ces costumes ? L’habit ne fait pas le moine et le metteur en scène va découvrir la vraie nature des personnages derrière ces costumes d’animaux très originaux, avec une préférence pour celui de l’antilope, interprétée de façon magistrale par Marie-Laurence Moreau... mon grand coup de cœur.

C’est ainsi qu’au travers de cette bataille à l’obtention d’un rôle, nous entreverrons comment il est difficile de garder sa place et de vieillir dans ce métier, comment les rapports humains peuvent y être superficiels, hypocrites. Mais les dialogues teintés d'un humour sarcastique nous font rire malgré tout.

Souhaitons-nous avoir la suite de cette trilogie, afin de découvrir ce qu’il arrivera à Isabel, Peter et Frankie ? Bien évidemment, oui ! Mais en attendant, je vous conseille vivement cette pièce sur la quête d’identité. Je vous souhaite, tout comme moi, d’apprécier les vifs dialogues teintés et surtout le jeu de la belle antilope.